Le cinéma français est présent en Corée dès les débuts du cinématographe puisque, selon les historiens, l’un des premiers films diffusés dans ce pays est une vue des frères Pathé. C’était en octobre 1897, peu après la mise en place de la convention culturelle entre la Corée et la France. Quelques projections ponctuelles se poursuivent, mais la première projection véritablement publique aurait eu lieu à Séoul en 1903 à la Hansong Chonki Hoesa Kigyechang. En 1907, le théâtre Wonkaksa a pu diffuser un court métrage de Gaumont. Un peu plus tard, en 1910, Woomikwan diffuse plusieurs films européens, dont Mousquetaire de la Reine de Georges Méliès.
À partir de fin des années 1990, le cinéma coréen connaît une renaissance, mené par la politique culturelle du gouvernement. C’est à ce moment que les festivals de cinéma vont jouer un rôle fondamental. Servant de plate-forme aux échanges transnationaux, ils ont souvent mis à l’honneur les films français dans leur programmation. Le Festival international du film de Busan (BIFF) est créé en septembre 1996 et quatre films français étaient au programme : Conte d’été d’Éric Rohmer, La Haine de Matthieu Kassovich, Un héros très discret de Jacques Audiard, Le Huitième jour de Jaco Van Dormael (franco-belge). Pour l’édition de 2014, plusieurs films français sont au rendez-vous du BIFF (Adieu au langage de Jean-Luc Godard, Aimer, boire et chanter d’Alain Resnais, Retour à Ithaque de Laurent Cantet etc.) de même qu’une quinzaine de coproductions. D’autres festivals ont permis de faire connaître les films français : le Seoul Human Rights Film Festival (SHRFF), l’International Women Film Festival de Séoul, le Festival international du film fantastique de Puchon (PiFan), le Festival du film international de Jeonju, JIFF, etc.
On constate récemment une hausse progressive de la production française de 0,5 % à 2,4% des parts du marché coréen. En 2012, 60 films français ont été diffusés contre 28 en 2011 et 26 en 2010. En dehors des résultats du box-office, l’histoire du cinéma français (les mouvements esthétiques et ses grands auteurs) trouve place dans l’enseignement assuré par les universités nationales et spécialisées. Ce qui explique, sans doute, la notable progression des traductions d’ouvrages sur le cinéma français. Histoire du cinéma français de Jean-Pierre Jeancolas, publié en France chez Nathan en 1995 et traduit par Kim Hye-Ryeun en 2003 permettant d’avoir un bref panorama de 1896 à 1994 ; L’ABCdaire du cinéma français de Gérard Guegan, Stéphane Guegan, Jean-Pierre Jeancolas, Vincent Pinel et Chantal Georgel, sorti en 1995 chez Flammarion et traduit en 2000 par Kim Ho-Young ; Histoire du cinéma de Gérard Betton (Presses Universitaires de France, Que sais-je ?, 1983), est traduit en 1987 par You Ji-Na. À ces ouvrages généraux, il faut ajouter les traductions des monographies (Truffaut / Hitchcock ; Renoir, Bazin, etc.) Enfin, il faut citer l’ouvrage de Kim Ho-Young La Compréhension du cinéma français sorti en 2003, qui propose d’abord un rapide rappel de l’historique pour passer ensuite à la présentation de trente- trois cinéastes qui ont marqué l’histoire du cinéma français.
Dans ce bref panorama, il ne faut pas négliger le rôle de passeur joué dès les années 1970 par le Centre culturel français de Séoul, devenu au fil de ses programmations dans sa mythique salle Jean Renoir, le lieu de rencontre de cinéphiles. Il faut rappeler que ce centre était à l’époque l’un des rares espaces, avec le Goethe Institute, où les Coréens pouvaient accéder à la culture occidentale. Cette génération du centre culturel, « Muhhwa-won Sedae », n’est pas étrangère à l’émergence de la Korean New Wave des années 1986. Devenu depuis 2011 l’Institut français de Corée du Sud (IFC), celui-ci assure le relais entre la France et la Corée par le biais des avant- premières, de son programme CinéFrance et son ciné-club du mardi soir.
Le colloque se tiendra à l’Université de Sungkyunkwan (Séoul, Corée du Sud) et à l’Université de Dong-Ah Institute of Media and Art (Anseong, Corée du Sud, les 12-13 octobre 2016.
Programme complet : ici