Le Colloque international de l’IRCAV « Crise, quelle crise ? Cinéma, audiovisuel, nouveaux médias » se tiendra les 22 et 23 novembre 2018 à la Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (4, rue des Irlandais 75005 Paris)
Le programme est disponible : ici
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Si le cinéma est représenté depuis ses origines comme un média en perdition (Creton 1997), dont le développement a pu être pensé comme une succession de crises (Sadoul 1948, Altman 1995), ce colloque entend analyser la prégnance, les reconfigurations et les usages de cette métaphore à l’heure où celle-ci tend à la fois à se déployer largement, à devenir plus labile et à se couper de son sens originel en étant désormais assimilée à une situation « normale » et « définitive » plutôt qu’exceptionnelle et temporaire (Revault d’Allonnes 2016). Dans ce contexte marqué par l’omniprésence, la généralisation ainsi que l’expansion étendue et sans fin de « la crise » dans tous les domaines (Ibid.), l’usage courant de ce terme par la profession comme les chercheur-e-s pour désigner la « zone de turbulences » que traverserait le paysage audiovisuel à l’ère numérique (Gaudreault, Marion 2013), offre l’opportunité d’interroger de façon critique le sens et la portée d’un tel concept au regard de la situation actuelle et des évolutions, bouleversements ou ruptures dont elle est ou serait porteuse.
Ce projet implique d’examiner à nouveaux frais la rhétorique de la crise, d’abord liée au devenir du dispositif cinématographique face à l’intensification des convergences (Laborde 2017) et à l’éclatement des modes de production/diffusion (Kitsopanidou, Soulez 2016), tout explorant d’autres « mises en crise » du cinéma, de l’audiovisuel et des nouveaux médias à l’aune des significations et du poids de cette notion dans notre imaginaire et notre contemporanéité. Loin de valider a priori l’hypothèse d’une « crise identitaire » du cinéma ni même de s’en tenir à un réexamen de ses causes et de ses conséquences supposées, ce colloque entend ainsi proposer une perspective plus large, transversale et réflexive, questionnant à la fois les divers domaines d’application et la pertinence effective de ce vocable flou et englobant dans le champ des études cinématographiques et audiovisuelles.
Dans cet esprit, ce colloque s’ouvre par une table ronde professionnelle dont l’enjeu est d’interroger à partir d’expériences vécues et concrètes la perception commune et ambiante que le secteur serait « en crise », tout en posant les bases d’une discussion épistémologique pluridisciplinaire qui se poursuit notamment dans la seconde session : nous y interrogeons, en prenant au sérieux l’hypothèse d’une théorie « enfin en crise » (Odin 2007), le sentiment d’une déstabilisation des cadres théoriques et interprétatifs permettant de penser les mutations actuelles. La troisième session propose un changement de paradigme en se tournant vers les objets filmiques actuels pour mieux interroger la capacité des médias audiovisuels à exprimer des « idéologies de crise » ou des problèmes esthétiques pouvant relever de ce vocable, des représentations technophobes de la « crise de la masculinité » (Courcoux 2017) aux reconfigurations de la « crise de l’image-action » dans le slow cinema (de Luca, Jorge 2015). Bénéficiant des apports de ces multiples approches tout en déplaçant de nouveau le regard, la dernière session invite sociologues, cinéastes et spécialistes du droit à débattre des soubresauts institutionnels, juridiques et économiques liés à la « révolution numérique », qui rejoignent le périmètre du colloque en ce qu’ils sont parfois nommés « crise de croissance », « crise systémique », « crise structurelle » ou encore « crise du droit d’auteur ».
Programme du colloque
22 novembre 2018
9h-9h30 : Accueil café
9h30-9h45 : Allocution de M. Guillaume Soulez, directeur de l’IRCAV
9h45-10h : Introduction du colloque par le comité d’organisation
10h-12h30 : Session 1 : Des crises vécues ? Table ronde professionnelle
- Aude Accary-Bonnery, directrice adjointe du CNC (sous réserve de confirmation)
- Philippe Chantepie, École Polytechnique-Telecom Paris-Tech
- Pauline Escande-Gauquié, CELSA Paris-Sorbonne
- Chloé Jarry, Lucid Realities, PXN
- Hervé Maziol, Divine Barbarians, Movie Makers Tribe
- Clément Monfort, Journaliste, réalisateur, Web Série Next
12h30-14h : Déjeuner
14h-16h: Session 2 : Des modèles théoriques en crise ? Usages et cadres interprétatifs
- André Gaudreault, Université de Montréal, Philippe Marion, Université de Louvain, « Le cinéma persiste et signe »
- Barbara Laborde, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, « Que de “crises” ! Quand le cinéma et l’institution scolaire s’interrogent »
16h-18h30 : Projection-débat autour du film La Vierge, les Coptes et Moi (Namir Abdel Messeeh, 2012)
23 novembre 2018
9h-9h30 : Accueil café
9h30-12h30 : Session 3 : Des images en/de crise ? Perspectives esthétiques, culturelles et politiques
- Charles-Antoine Courcoux, Université de Lausanne, « La crise (contemporaine) de la masculinité américaine envisagée à partir du cas emblématique de la star Matthew McConaughey »
- Maureen Lepers, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, « Entre crise politique et crise de la représentation, l’ouragan Katrina au cinéma et la télévision aux États-Unis »
- Calum Watt, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, « Crise dans l’économie des images : The Fountainhead de la Société Réaliste »
- Tiago Baptista, Arquivo Nacional das Imagens em Movimento, « Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la crise : la crise permanente des cinémathèques »
12h30-14h : Déjeuner
14h-15h Keynote
Yves Citton, Université Vincennes-Saint-Denis – Paris 8, « Crise de l’attention ou malaise dans la médiarchie ? »
15h-18h : Session 4 : Que cache la crise ? Questions socio-économiques, juridiques et techniques
15h-16h30
- Philippe Gaudrat, Université de Poitiers, « Les facteurs concourant à une crise permanente du droit d’auteur »
- Franck Macrez, Université de Strasbourg, « Créations numériques : la crise de légitimité du droit d’auteur»
- Pauline Léger, Université Paris-Sud, « Les œuvres transformatrices : cause ou conséquence de la crise du droit d’auteur ? »
16h30-17h Pause café
17h-18h
- Julien Duval, CNRS, « La crise du cinéma français : le sociologue doit-il (toujours) écarter les “prénotions” ? »
- Réjane Hamus-Vallée, Université d’Évry-Val-d’Essone, « Une crise paradoxale : les mutations du champ des effets visuels à l’ère numérique »
18h : Cocktail dînatoire